Pour qu’un arbre puisse vivre vieux, il lui faut plusieurs conditions essentielles à son bon développement, à savoir:
- une exposition adaptée (ombre ou lumière, nord ou sud) ;
- une terre adaptée à ses besoins (calcaire, acide, argileuse, humide ou sèche) ;
- beaucoup de place pour s’épanouir ;
- ne pas toucher à son environnement car cela changerait ses habitudes (vent dominant) .
Plus un arbre devient vieux et moins bien il s’adapte aux changements. En effet, un arbre jeune prend ses points de repère avec tout ce qui l’entoure aussi bien sur ses parties aériennes que souterraines, il dirige ses racines en fonction du vent dominant et de la pente du terrain, il met des contreforts qui l’aideront pour mieux lutter contre les intempéries.
Une partie de l’arbre est à l’ombre et ne doit pas arriver à voir le soleil sous peine de brûlures. En effet, quand on enlève de la mousse sur le tronc d’un arbre, la partie qui était à l’ombre se retrouve brûlée comme les coups de soleil chez l’homme.
Certains arbres tel le Peuplier ne vieillissent pas 70 ans au maximum, mais certaines essences que nous connaissons bien arrivent à des âges considérables : des Hêtres peuvent dépasser le siècle, mais d’autres comme le Chêne ou le Tilleul peuvent devenir millénaire.
Autrefois, les arbres étaient vénérés comme des dieux car ils apportaient aux plus pauvres de quoi satisfaire leurs besoin (fruits, fagots, nourriture pour le bétail, piquets pour faire les clotures, bois de charpente…)
Quand un couple se mariait, il plantait un Tilleul qui représente l’amour éternel, puis un arbre fruitier par enfants : au cas ou une famine perdure, ainsi ils auraient les fruits à manger et donc ne mourraient pas de faim. Les arbres grandissaient avec les enfants ce qui créait des liens très forts entre eux. Vu que ces traditions se perdent, l’homme est complètement déconnecté de la nature qui à su faire sa gloire jadis. Aujourd’hui il invente une machine qui les imite, mais aucune machine ne pourra jamais remplacer un arbre!
LE TILLEUL
On a trouvé un Tilleul dans le village de Wessobrunn dont l’âge est estimé à 1 200 ans, avec une circonférence de 13,3m à hauteur de poitrine ; le célèbre Tilleul de Hindenburg en Allemagne est estimé à 1 000 ans.
Celui-ci était vénéré par les anciens peuples européens aux dieux de la fertilité. Dans le folklore européen, il est considéré comme associé à la féminité ou à l’amour romantique en littérature.
En Angleterre, il y a une souche dont l’arbre était coupé régulièrement, qui est daté au carbone avec un age estimé à quelques 6 000 ans.
L’utilisation du tilleul en médecine douce
On utilise les fleurs de Tilleul pour faire des tisanes, des arômes et des liqueurs. Le médecin Nicholas Culpeper rappela que cette tisane soignait l’apoplexie, le vertige et les palpitations cardiaques et elle est d’un bon tonique général. La fleur de Tilleul est utilisée dans certaines préparations dans les soins de la beauté pour adoucir la peau. Elle peut être mélangée avec des fleurs de lavande pour garnir des oreillers végétaux qui favorisent le sommeil.
LE CHÊNE, puissant et robuste !
Il y a une vieille légende qui dit qu’il faut 800 ans pour qu’un Chêne pousse, il se repose ensuite pendant 800 ans et il lui faut encore 800 ans pour s’éteindre. Il était sacré pour les anciens Scandinaves, Germains, Celtes, Grecs et Romains. Associé aux dieux du tonnerre et de la foudre, à la fertilité, certains chênes sont associés à des personnages de légende tel Robin des Bois.
Les Chênes sont beaucoup plus susceptibles d’être frappés par la foudre que les autres arbres, ce qui explique leur association avec les dieux du tonnerre et de la foudre.
L’arbre de la force, le botaniste suédois Linné (1707-1778) utilisa le terme robur, du latin qui veut dire force, d’ou Quercus robur pour désigner le Chêne commun. Il se référençait à deux traits qui distingue cet arbre des autres: la robustesse et la grande force de son bois.
Le Chêne a la particularité de pouvoir faire des descentes de cime, c’est à dire de se recentrer vers le tronc pour économiser son énergie et laisser mourir ce qui est trop haut et trop loin ( bois et racines ). C’est le seul arbre à posséder ce moyen de défense, ce qui peut justifier sa durée de vie.
Les Chênes les plus vieux d’Europe ou les doyens des arbres
En France, nous avons le Chêne de Tronjoly qui est censé avoir près de 1 000 ans.
Le Chêne d’Allouville-Bellefosse, près d’Yvetot dont son âge n’est pas connu avec précision, mais cela fait 300 ans que cet arbre est devenu un lieu de culte avec son gros tronc de 3;8 m de large qui sert de chapelle et d’ermitage.
En Allemagne, dans le village d’Erle, près de Raesfeld se trouve le Chêne le plus grand et peut-être le plus vieux avec un âge estimé à quelques 1 500 ans. Le Danemark, la France, la Suède ou la Russie, chacun de ces pays peut prétendre posséder le plus vieux Chêne d’Europe. Deux sont encore vivants au Danemark, et les gens disent qu’ils auraient 2 000 ans environs.
LE CHÂTAIGNIER, cet abri naturel
Le plus vieux Châtaignier connu est certainement l’Arbre des Cent Chevaux, en Sicile. En 1 770 le tronc avait une circonférence de 62 m, aujourd’hui les deux morceaux les plus gros ont un diamètre de 6 m à 1 m du sol. Son âge est estimé entre 2 000-4 000 ans. Il est censé avoir abrité lors d’un orage en 1 308, la Reine d’Aragon avec sa suite de 100 cavaliers. Son feuillage massif se dresse devant le fameux volcan, le Mont Etna dont il n’est qu’à 8 kms.
En 1 670, le creux de son tronc était si grand que des troupeaux de moutons y furent parqués. En 1 865, l’arbre s’était fendu en cinq parties dont 3 demeurent encore aujourd’hui.
Il semblerait que le déclin général de cet arbre ait largement été provoqué par les activités humaines. Il a été récemment clôturé pour protéger les restes. Une date y est gravée 1 784 qui montre clairement que l’intérieur de cet arbre servit de demeure. Une hutte aménagée qui comportait un four pour faire sécher les châtaignes produites par cet arbre.
Le châtaigner, entre friandise princière et remède végétal
Les châtaignes étaient l’un des aliments préférés des Romains qui les firent venir d’Italie quand ils envahirent l’Angleterre. Le plus vieux et connu est le Châtaignier de Tortworth dans le comté de Gloucester qui servait de borne frontière grâce à son importance au 12e siècle.
« Friandise pour princes et nourriture robuste et masculine pour les rustres, et capable de donner aux femmes un joli teint. »
C’est ainsi que l’écrivain britannique John Evelyn (1620-1706) décrivait le fruit noble du Châtaignier. Evelyn déplorait que les anglais donnaient les fruits aux cochons alors qu’en Italie elles étaient dans l’alimentation des ruraux. Les châtaignes ont d’assez bas niveaux de protéine et de graisse mais de grandes quantités d’amidon, c’est pour ça qu’elles étaient considérées comme un aliment nutritif à consommer pendant la convalescence. Elles sont généralement mangées grillées, bouillies, en farine, en pâté végétal, en beignets, ou les fameux marrons glacés.
Cela fait longtemps que la médecine utilise des extraits des feuilles coriaces pour soigner la toux ainsi que la diarrhée. Dans toute l’Europe, les châtaignes étaient utilisées comme des remèdes à de nombreuses douleurs, et même les rhumatismes.
L’OLIVIER, l’arbre des offrandes et des rites funéraires
Si je voulais parler de l’Olivier, c’est parce qu’il est à la mode dans le sud de la France de planter des vieux Oliviers, mais à cause de cette mode, on est en train de piller de leurs richesses certains pays ou ces arbres ont grandi et qui représentaient un véritable patrimoine arboré, et donc une ressource précieuse.
Pour les anciens peuples Hébreux, l’Olivier est certainement l’arbre le plus précieux et la Bible abonde d’allusions à cet arbre, comme dans le psaume 128 “ Heureux sont ceux qui obéissent au Seigneur… vos fils seront comme des Oliviers autours de votre table”. Avant sa trahison et sa crucifiction, Jésus Christ dit l’évangile alla au jardin des Oliviers avec ses disciples pour prier et c’est là qu’il fut arrêté, pour être cloué à la croix d’Olivier.
L’huile d’olive était utilisé a dans la préparation des offrandes, dans les rites funéraires, les parfums et les cosmétiques.
Des feuilles fossilisées remontant à -37 000 ans ont été trouvées dans une île égéenne de Santorin, et les éléments archéologiques montrent que l’arbre fut domestiqué il y à 10 000 ans par les pays de la Méditerranée Orientale. Quelques Oliviers dans le Jardin de Gethsémani et sur la côte d’Azur sont considérés comme ayant dans les 2 000 ans.
En dehors d’utiliser les olives en cuisine ou pour l’huile, les grecs et les romains se soignaient avec l’extrait de feuilles d’Oliviers pour lutter contre les problèmes d’insuffisance veineuse et pour soutenir l’activité cardiaque. Ses feuilles sont indiquées pour lutter contre de nombreux troubles:
- jambes lourdes
- améliorer les problèmes de cholestérol
- élimination rénale de l’eau.
Il parait que les espagnols se soignaient les infections comme la gangrène pendant la guerre d’ Espagne contre les armées de Napoléon.
L’IF, l’arbre immortel
Ne produisant pas de bois d’oeuvre et ses fruits étant toxiques, on comprend vite pourquoi cet arbre a été victime de la déforestation en Europe. La plus belle forêt d’Ifs en Europe se trouve à Kingley Vale, dans le Sussex en Angleterre. Ces arbres étaient sacrés pour les Celtes et les Vikings qui le croyait immortel.
L’If a été un matériau important pour fabriquer des armes pendant des dizaines de milliers d’années. Le plus vieil objet de bois qui a été retrouvé est une lance en If enterrée à Clacton en Angleterre, qui servit il y a quelques 250 000 ans. Dans la Grèce ancienne, les meilleurs arcs étaient fait avec de l’If, les anglais utilisèrent pendant 5 siècles après la conquête normande en 1 066, le grand arc en bois d’If qui est devenu l’arme principale.
Il y a un homme qui a fait un gros travail sur l’If et c’est grâce à lui qu’on en sait davantage sur cet arbre, il s’appelle Allen Meredith. Grâce à son travail acharné, il a convaincu les botanistes que beaucoup d’Ifs ont des milliers d’années. Si un If se situe au nord de l’église, cela indique qu’il date de la période néolithique (vers 4 000-2 000 ans avant l’ère chrétienne).
Tous les Ifs les plus anciens en Grande-Bretagne sont situés au Nord et tous âgés de plus de 5 000 ans. Ceux qui se situent à l’Est ou à l’Ouest des églises datent de la période celtique, ceux exposés au Sud ou au Sud-Ouest nous indiquent qu’il s’agit d’un site saxon.
Les arbres vu comme de simples objets décoratifs
Visiblement, les énergies fossiles (pétrole et charbon) ont changé notre comportement envers les arbres qui aujourd’hui ne sont vus par les gens comme de simples objets de décoration, juste pour faire joli dans les espaces verts. Si bien que les feuilles mortes qui tombent sur la pelouse sont considérées comme des vulgaires déchets équivalents aux déchets plastique !
L’ombre si agréable des arbres est remplacée par les climatiseurs, les gens préfèrent regarder un bon match de foot bien au frais devant leur télé plutôt que d’aller se promener en forêt pour écouter les oiseaux chanter. On coupe beaucoup d’arbres pour fabriquer des meubles pour cette société de consommation, et qui termineront à la poubelle lorsque celui-ci ne plait plus à son propriétaire.
Avec l’arrivée du chauffage électrique ou au fioul, l’homme n’a plus besoin d’émonder les arbres pour faire ses fagots ou pour le bétail. Ainsi, tous les arbres qui gênent pour le passage des gros tracteurs – qui remplacent les petites charrues autrefois tirées par les bœufs – seront systématiquement coupés ; les engins qui polluent prennent ainsi l’avantage sur nos arbres qui nous fournissent l’oxygène que nous respirons tous.
Pourtant les arbres nous ont rendu de beaux services ( les gens se cachaient dans les arbres creux pendant la guerre pour éviter la mort ) : ils nous fournissent de la nourriture comme les pommes entre autre, et les feuilles de la majorité des arbres peuvent rentrer dans notre alimentation.
Il me semble que si l’homme veut limiter le changement climatique, il doit absolument apprendre à nouveau à se connecter aux arbres et ainsi les protéger.